GÉRARD MACÉ, À PROPOS DE LA CONFÉRENCE "LES PYRAMIDES HUMAINES", JUILLET 2019
Acrobates, coulisses du cirque, graffitis sexuels, portraits lacérés : quel que soit le sujet, les photographies de Gilles-Henri Polge sont précises et documentées. Il y a de l'archiviste chez lui, mais un archiviste promeneur, car c'est l'histoire des arts populaires, des inscriptions anonymes qui retiennent son attention.
On n'est donc pas étonné que les pyramides humaines soient l'objet d'une conférence, illustrée de surcroît, par des documents historiques, des gravures, des dessins, des coupures de journaux et des photographies. Car Gilles-Henri Polge ne néglige rien, dès qu'il s'agit de son sujet.
Le sujet, en l'occurrence, ce sont les pyramides humaines, autrement dit les constructions éphémères, de plusieurs étages, que des hommes entraînés construisent les jours de fête, ou lors de rituels qui n'honorent rien ni personne. Mais qui défient les lois de la pesanteur, et le vertige.
Gilles-Henri nous promène de la Catalogne en Inde, avec quelques détours dans temps, par exemple dans la Venise d'autrefois. Car les pyramides se retrouvent un peu partout, avec des variantes que ne manque pas de repérer Gilles, de même qu'il compare ces constructions humaines avec l'architecture. Et quand il aborde un possible symbolisme, c'est avec prudence, plutôt sur le mode de la suggestion. Son savoir est grand, mais n'a rien d'autoritaire.
Ce qu'on peut dire avec certitude, sans se lancer éperdument dans la cosmogonie, ou d'incertaines vérités théologiques, c'est que ces constructions qui défient l'équilibre sont une façon de dominer le chaos, mais sans discours.
Celui de Gilles-Henri est d'une sobriété qui rend hommage aux bâtisseurs éphémères, qu'il admire. En même temps, il nous révèle un phénomène qui fait partie des arts de la rue, entre l'exploit individuel de chaque gymnaste et la communion des jours de fête.
Gérard Macé, juillet 2019