* ACROBATES EN COULISSES *
Jean-Pierre Carron, 2020
Pendant que des photographes saisissent les moments d'allégresse ou l'ambiance festive et colorée de chacune de nos éditions, Gilles-Henri Polge se fond dans la pénombre des coulisses et capture des moments intimes entre concentration et stress (2018).
L'oeil de Gilles-Henri Polge dans les coulisses du Festival [du Cirque de demain, Paris] s'est fait discret pour nous restituer des moments secrets de concentration (2020).
Jean-Pierre Carron, directeur de production du Festival du Cirque de demain, 2018.
* PYRAMIDES HUMAINES *
Gérard Macé, [Gilles-Henri Polge, conférence Les Pyramides humaines, 2019]
Acrobates, coulisses du cirque, graffitis sexuels, portraits lacérés : quel que soit le sujet, les photographies de Gilles-Henri Polge sont précises et documentées. Il y a de l’archiviste chez lui, mais un archiviste promeneur, car c’est l’histoire des arts populaires, des inscriptions anonymes qui retiennent son attention.
On n’est donc pas étonné que les pyramides humaines soient l’objet d’une conférence, illustrée de surcroît, par des documents historiques, des gravures, des dessins, des coupures de journaux et des photographies. Car Gilles-Henri ne néglige rien, dès qu’il s’agit de son sujet.
Le sujet, en l’occurrence, ce sont les pyramides humaines, autrement dit les constructions éphémères, de plusieurs étages, que des hommes entraînés construisent les jours de fête, ou lors de rituels qui n’honorent rien ni personne. Mais qui défient les lois de la pesanteur, et le vertige.
Gilles-Henri nous promène de la Catalogne en Inde, avec quelques détours dans le temps, par exemple dans la Venise d’autrefois. Car les pyramides se retrouvent un peu partout, avec des variantes que ne manque pas de repérer Gilles, de même qu’il compare ces constructions humaines avec l’architecture. Et quand il aborde un possible symbolisme, c’est avec prudence, plutôt sur le mode de la suggestion. Son savoir est grand, mais n’a rien d’autoritaire.
Ce qu’on peut dire avec certitude, sans se lancer éperdument dans la cosmogonie, ou d’incertaines vérités théologiques, c’est que ces constructions qui défient l’équilibre sont une façon de dominer le chaos, mais sans discours.
Celui de Gilles-Henri est d’une sobriété qui rend un hommage aux bâtisseurs éphémères, qu’il admire. En même temps, il nous révèle un phénomène qui fait partie des arts de la rue, entre l’exploit individuel de chaque gymnaste et la communion des jours de fête.
Gérard Macé, juillet 2019
* ACROBATES, PLONGEURS *
Jacqueline Christophe, [Fonds Polge, Acrobates, MUCEM]
Pour le photographe Gilles-Henri Polge tous les corps sont soumis aux mêmes lois physiques mais le jeu du saltimbanque, de l'acrobate, du contorsionniste, du trapéziste consiste à les éprouver, à les expérimenter en risquant à l'extrême son corps et en lui imposant des mouvements qui jouent dangereusement avec les lois de la pesanteur. Son projet photographique se nourrit des recherches historiques et iconographiques qu'il mène depuis longtemps sur le sens et la place des corps en mouvement dans l'espace ou en équilibre naturel au sol, dans les rites, dans les représentations de l'art occidental et dans l'acrobatie chinoise.
Jacqueline Christophe, conservateur, "Présentation des fonds photographiques [du Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée]".
* ACROBATES *
Jordi Jané, 1999
La première impression que j'ai ressentie en contemplant les photographies de Gilles-Henri Polge a été la force de caractère, la personnalité originale qu'elles dégageaient. C'était des photos de cirque - équilibristes, acrobates - mais c'était aussi autre chose que des photos de cirque. Au-delà de la valeur documentaire, j'ai découvert une intention bien définie, un esprit créateur, qui en font un magnifique travail d'auteur. Il émane un mystère des photos de Polge, difficile à percer au premier abord, une authenticité qui dépasse la surface de l'épiderme des artistes, pour chercher cette dimension - intangible mais merveilleusement réelle - qui palpite depuis toujours dans les jeux d'équilibre des différentes cultures de notre planète.
Extraits d'un texte par Jordi Jané, 1999. Traduit du catalan.
* ACROBATES *
Thomas-Michael Gunther, "La quête d'équilibre", 1997
Voltigeurs et plongeurs, équilibristes et acrobates - enfants du ciel dont l'art permet d'échapper à l'attraction de la terre. Voilà l'univers de Gilles-Henri Polge [...] Photographier des acrobates sautant, plongeant, se balançant, se portant l'un l'autre, se contorsionnant, semble être, pour Gilles-Henri Polge, l'aboutissement d'un long parcours qui l'a conduit à l'identification d'un moyen d'expression personnel, d'une manière de donner corps à une vision propre de l'être et de son rapport au monde. Thomas-Michael Gunther, février 1997, texte de présentation de l'exposition "Gilles-Henri Polge, Jeux d'équilibre" (extraits).
* ACROBATES *
Carole Naggar, "Gilles-Henri Polge : l'acrobate prend son temps", 1988
Ce qui est pour le spectateur une fraction de seconde, l'acrobate, lui, le vit comme une durée. Un mouvement qui a un début et une fin, et se déroule entre ce début et cette fin. Et peu à peu, Polge fait une découverte : l'expérience photographique permet d'entrer dans le mouvement de l'autre, de vivre le mouvement avec eux : "Il faut entrer dans cette durée, ce qui n'est pas seulement une question de temps, mais de conscience physique. Il s'agit de pénétrer dans cette hyperconscience que l'acrobate a de son corps." Carole Naggar, "Gilles-Henri Polge : l'acrobate prend son temps" (extraits), texte inédit, 1988.